Comment initier une conversation?

    Les bénéficiaires de soins portent très souvent les soignants en haute estime. En effet, les professionnels jalonnent toutes les étapes d’un parcours de soins. Ils sont ceux qui informent d’un diagnostic, accompagnent lors des consultations ou des traitements ambulatoires, sont les visages familiers lors des hospitalisations pour cause de complications, sont témoins des des rémissions et des récidives, etc. Les soignants peuvent donc être des personnes très signifiantes et guidantes pour les bénéficiaires. En un mot, les professionnels sont crédités d’une confiance qui peut être un vecteur de normalisation dans une discussion sur les pratiques sexuelles en soins palliatifs. Il faut cependant être attentif au sens accordé à la “normalisation”. Il n’est pas question de banaliser ni de tourner en dérision. La normalisation, c’est une sorte de permission donnée par le soignant et reçue par le bénéficiaire. Parce que les bénéficiaires continuent à penser et à désirer, mais qu’ils sont rarement rassurés sur la normalité de ces idées, certains mots et des attitudes venant des soignants peuvent apaiser la crainte d’être déplacés.

Un consensus émerge de la plupart des études scientifiques menées sur le sujet : les bénéficiaires de soins souhaitent que les soignants fassent le premier pas pour discuter de sexualité. Ce mouvement de la part des soignants est généralement perçu comme une autorisation de penser et de parler. Attendre que les bénéficiaires parlent en premier peut générer un cercle si pas vicieux, au moins silencieux. C’est ici que le bât blesse généralement, car l’initiation de la discussion est exactement le moment qui revêt la plus grande difficulté pour les soignants. 

Pour que ce moment perde en intensité de stress, il est nécessaire que chaque professionnel se constitue son “dictionnaire” de mots clés qui rendent les conversations plus confortables. Bien sûr, ce répertoire personnel sera affiné avec le temps et l’expérience. Il s’agit seulement de remplir un petit balluchon pour commencer le voyage.

Rappelez-vous que seuls les premiers pas sont les plus effrayants, le reste ne sera que mieux ! 


En pratique …

  • “J’ai rencontré des personnes vivant une expérience similaire à la vôtre qui m’ont partagé des difficultés à maintenir une vie intime et sexuelle agréable. Sachez que ce sont des choses qu’il est tout à fait normal de vouloir discuter, est-ce que vous aimeriez cela ?”

  • “J’aimerais vous poser une question à laquelle vous êtes tout à fait libres de ne pas répondre, mais je suis interpellé par la fréquence/le nombre de visites auprès de vous/le lit médicalisé installé dans le salon/etc, comment faites-vous pour maintenir un équilibre dans votre vie intime en tant que couple ?”

  • “Des personnes ont déjà témoigné que la maladie était bouleversante pour la dynamique de couple et qu’il pouvait être très difficile de discuter de ce genre de choses, est-ce le cas pour vous ?”

  • “On a reçu des formations en équipe qui disent la nécessité et les bienfaits possibles à parler d’intimité et de sexualité, seriez-vous d’accord/demandeurs qu’on en discute ensemble ?”

  • “Si vous ne le souhaitez pas maintenant, sachez que vos besoins et désirs (ou non désirs) sont tout à fait normaux et entendables, sentez-vous libres de revenir sur le sujet à tout moment.”

  • “Dites, je ne peux pas m’empêcher de penser à quelque chose. On parle d’installer un lit médicalisé chez vous, mais comment vous voyez ça par rapport au maintien de votre intimité/sexualité ? Êtes-vous confortable avec ça ? Souhaiteriez-vous en parler ?”



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