LGBTQuoi ?

     Le couple hétérosexuel a longtemps été -et demeure, soyons honnêtes- la forme majoritaire (et dominante) de relation. Mais le monde est grand, les réalités sont variées, les quotidiens ne sont pas les mêmes, les envies sont infinies. Il est grand temps de reconnaître les vécus parfois cachés, souvent non-dits, camouflés ou amoindris.
Alors oui, l’acronyme se rallonge, on ne sait plus qui est quoi, ni pourquoi on distingue au lieu de réunir. Mais entre nous, c’est vraiment pas si sorcier, avec une petite dose de bonne volonté ! Avant de tout vous raconter, prenons le temps d’un petit tour d’horizon lexical afin d’éclairer une ou deux zones d’ombre.


Lesbienne : femme homosexuelle. Il s'agit d'une femme dont le désir romantique ou sexuel est orienté exclusivement vers des personnes appartenant au même genre. Une lesbienne est une femme qui est sentimentalement et sexuellement attirée par d'autres femmes


Gay
: homme homosexuel. Il s’agit d’un homme qui a une attirance amoureuse ou sexuelle exclusivement pour des hommes.


Bisexuel.le : individu qui a une attirance amoureuse ou sexuelle pour des individus de plus d'un genre. 


Transgenre : terme générique désignant les personnes dont l’identité de genre et/ou l’expression de genre diffèrent de celles habituellement associées au genre qui leur a été assigné à la naissance. Il s'agit d'un terme coupole, incluant une pluralité d'identités de genre en fonction de l'autodéfinition de chaque personne.


Queer : à la base, un mot anglais signifiant « étrange », « peu commun ». Souvent utilisé comme insulte envers des individus gays, lesbiennes, trans*... Par ironie et provocation, il fut récupéré et revendiqué par des militants et intellectuels gays, bisexuels, adeptes du BDSM, fétichistes, travestis et transgenres à partir des années 1980 (...). Une personne se dit queer quand elle ne se reconnaît pas dans la sexualité hétérosexuelle, ou ne se sent pas appartenir à un genre défini.

Intersexe : personne présentant à la naissance des caractères sexuels qui, en raison d'une large gamme de variations naturelles, ne correspondent pas à la définition type du masculin et du féminin, notamment en ce qui concerne l'anatomie sexuelle, les organes reproducteurs ou la disposition des chromosomes.  

Asexuel : L’asexualité, dans son sens le plus large, est l’état d’une personne qui ne ressent pas ou peu d'attirance sexuelle pour les autres personnes.

+  : toutes les personnes qui échappent à l’hétérosexualité, à l’hétéronormativité et à toutes ses définitions. Par exemple, la pansexualité, qui est l’attirance, sentimentale ou sexuelle, indépendamment du sexe ou du genre.


       Peut-être vous demandez-vous déjà l’utilité de parler de personnes en particulier et ce que cela peut bien avoir à voir avec le sujet de la sexualité ? Parce que, pour accompagner les gens, on doit pouvoir les rencontrer. Et que pour rencontrer, il faut connaître, car c’est un premier pas essentiel vers la reconnaissance de l’autre. Les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres, queer, intersexes et asexuelles vivent des expériences particulières du fait d’appartenir à des minorités sexuelles. Ceci doit être connu et considéré par les soignants, afin que les pratiques de soins ne soient pas “les mêmes pour tout le monde”, mais bien “adaptées à chacun”. Bien qu’il y ait de nombreuses nuances dans l’acronyme et les réalités qu’il porte, on peut constater certains aspects communs aux différentes personnes de ce groupe. Je vous propose d’explorer ensemble quatre éléments propres aux personnes LGBTQIA+ : le coming out répété, la peur des discriminations, l’invisibilité et le mégenrage.


Le coming out répété

Basiquement, on pense le coming out comme étant l’annonce faite par la personne LGBTQIA+ à son entourage. Cette annonce consiste à informer les proches que la personne ne se reconnaît pas en tant que personne hétérosexuelle ou cisgenre (toute personne se reconnaissant dans le genre assigné à la naissance).
C’est loin d’être faux, mais c’est également loin de témoigner de la complexité et de l’étalement dans le temps de la démarche. Parce que l’entourage, littéralement “les personnes qui entourent”, varie, on peut deviner que c’est potentiellement une démarche amenée à durer dans le temps, en tout cas à se répéter. En effet, les rencontres ne s’arrêtent jamais, le cercle d’amis s’étoffe, les collègues changent et les soignants également. Ce sont autant de personnes avec qui il faut, continuellement, partager à nouveau une information, qui n’est pas toujours bien reçue. 


La peur des discriminations

L’homosexualité n’est pas toujours accueillie avec bienveillance. Pour beaucoup, cela reste quelque chose d’inacceptable, contre-nature voire condamnable. De nombreuses personnes homosexuelles ont vécu des expériences de violences verbales, psychologiques ou physiques liées à leur orientation sexuelle. Ils ont pu vivre cela dans différents contextes : familial, amical, professionnel ou lors de rencontres avec des professionnels de la santé. Ces antécédents laissent bien souvent des marques négatives qui vont freiner les personnes concernées dans les annonces futures de leur homosexualité afin de se prémunir de toute réaction négative, que cela se traduise par du rejet, des commentaires malveillants ou des violences physiques. 

L’invisibilité 

La majorité se conjugue encore trop facilement avec l’hétérosexualité. Quand on pense au couple, on imagine inconsciemment un homme et une femme, les réclames publicitaires affichent le plus souvent des duos mixtes, les formulaires dans les écoles s’informent de la profession du père et de la mère, on demande aux petits garçons s’ils ont une amoureuse à l’école. Les exemples ne manquent pas qui signalent que la norme est l’hétérosexualité. Les personnes homosexuelles sont donc habituées à ne pas être vues et par conséquent à ne pas se montrer. C’est cette même attitude qu’elles reproduisent lorsqu’elles rencontrent des soignants : elles font profil bas. Ainsi faisant, elles se protègent du risque difficile à évaluer d’agression de la part d’inconnus, mais elles passent également sous silence une information importante à propos d’elles, qu’aucun hétérosexuel ne penserait par ailleurs à cacher. Ne pas pouvoir librement parler de relation en situation de soins peut être d’une grande violence, une négation d’une part de vie des personnes. En outre, si l’information n’est pas connue, les personnes ne peuvent être accompagnées en tant que telles. 


Le mégenrage

Ceci est propre aux personnes qui vivent des parcours de transidentité, c’est-à-dire qui ne se reconnaissent pas dans le genre qui leur a été attribué à la naissance. Soyons concrets afin de faciliter les explications. Imaginons un humain que l’on reconnaît comme étant un homme à la naissance. En grandissant, cet humain ne se reconnaît pas en tant qu’homme, mais sent intrinsèquement être une femme. Cette personne souhaite alors être nommée au féminin et adopter les codes sociaux habituellement accordés aux femmes. Il faut considérer cette volonté comme un droit qui n’appartient qu’à la personne, qui ne peut être contesté par aucune justification physique ou médicale (prise d’hormone, chirurgie, etc.) Pour de nombreuses personnes, tout cela s’apparente à un non-sens et celles-ci refusent alors de créditer la demande de la personne. Ceci peut par exemple se concrétiser par l’usage de l’ancien nom ou l’ancien pronom de la personne. C’est ce qu’on appelle le mégenrage, ou forcer la personne à accepter le genre auquel elle ne s’identifie pas. Personne ne devrait être forcé à être ce qu’il ne souhaite pas, personne n’a l’autorité suffisante pour dicter l’identité de quelqu’un autre, et cela inclut les professionnels de la santé dont les diplômes ne sont pas suffisants pour leur accorder ce droit. 



Guide pratique 

Les mots sont les meilleurs alliés ! Gardez en tête que l’erreur est permise, tant qu’elle va de pair avec la capacité à reconnaître le faux pas et à s’excuser.

Voici quelques rappels afin de vous aider à slalomer dans ce parcours aventureux que sont les rencontres humaines !


Évitez le neutre. S’il peut être considéré comme une preuve d’ouverture, il laisse malheureusement place au doute. Le neutre ne témoigne pas suffisamment de la volonté de la personne qui l’emploie à être inclusive. Préférez des formulations ouvertes qui sont alors volontairement inclusives. 

Annoncez votre manque de connaissances, et associez-le à l’envie de découvrir et votre bonne volonté d’apprendre ce que la personne souhaiterait vous transmettre. 

Évitez de placer la personne dans une posture “d’enseignant” : elle a besoin de soins et n'est pas là pour faire l’éducation des soignants. Vous pouvez signifier votre manque de connaissances et poser des questions tout en respectant l’envie -ou l’absence d’envie- de la personne d’être dans une attitude pédagogique. 

Éviter les formulations binaires et hétéronormées ! Parce que madame ne vit pas toujours avec monsieur et que monsieur peut avoir un conjoint, il est important de penser à des formulations qui valorisent la diversité des vies et des expériences. En outre, certaines personnes expriment des réticences face à l’idée d’insinuer que leur interlocuteur pourrait être homosexuel. Pour rappel, si nécessité il y a, il n’est pas insultant de penser qu’une personne peut être homosexuelle. 


Voici quelques idées de formulation … 

Elles sont bien sûr à enrichir de toute réflexion qui aurait plus de sens pour vous !

  • De qui aimeriez-vous qu’on prenne soin avec vous ?

  • Qui est la personne la plus importante pour vous ?

  • Avez-vous un conjoint ou une conjointe … Ou les deux ?

  • Est-ce que vous vivez avec quelqu’un ou quelqu’une ? 

  • Est-ce que vous avez un amoureux/amoureuse qui vous soutient à la maison ?

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C’est quoi, au juste, la sexualité ?

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